Au nom d’Allah, le clément, le miséricordieux
« Que le salut d’Allah soit sur le prophète Muhammad, sa famille et ses compagnons
Qu’Allah soit satisfait du sceau des élus Seydina Ahmad Tidjani »
« Lorsque El Hadji Mouhamad Aminata Niass vint au Fouta, je devais avoir 13 ans ou plus à l’époque en 1951, on me fit monter sur une grande pierre pour que je puisse déclamer le poème : Ghawçul Bariyati, j’étais jeune et ma voix avait de la portée aussi il appréciait beaucoup cela. Il a fait de nombreux miracles au Fouta, entre autres l’affaire des oiseaux qui mangeaient les récoltes et celui de la crue du fleuve qu’il amenât jusque dans les champs. Khalifa Niass rentra et peu après son fils ainé El Hadji mou ndaw vint lui aussi au Fouta et m’amena partout durant ses déplacements dans la région et même en Mauritanie. Lorsque la tournée pris fin, il voulut rentrer avec moi à Kaolack mais mes parents déclinèrent l’invite. Cependant dans mon cœur, un amour sans précédent pour lui avait déjà germé et je sentais que c’était réciproque. Je pris la ferme décision de partir le rejoindre, je demandais la permission à ma mère puis mon père, à l’époque nous vivions à Matam. C’est alors que je partis à Taïba chez Tafssir Moustapha Thiam pour y apprendre, c’est ensuite que je me suis mis sur la route de Kaolack et y arriver un Jeudi chez El Hadji Abdoulaye Khalifa Niass. Il fut tellement content et appela Sokhna Fatou Hanne son épouse pour demander après le déjeuner, elle répondit que c’était Sokhna Astou Tall qui était de tour pour la cuisine mais avait pris le soin de lui conserver sa part du déjeuner. Il prit ce repas et me l’offrit, c’était du Cebbu Jën bu Xonk le premier repas que je pris à mon arrivée. Je pouvais lire la joie immense d’El Hadji mou ndaw sur son visage tellement il était ravi et décida de m’amener voir Mame Khalifa Niass, arrivé chez lui aussi, il fut très content et me souhaita le bienvenue puis appela El Hadji Ibrahima, et me dit que dorénavant j’habiterais avec lui dans sa chambre. Ainsi nous habitions seul ensemble lui et moi… »
Voilà comment Thierno Thiam Fouta comme on le surnommait durant son enfance arriva à Kaolack, Leona Niassene. Ce récit marque le début de son compagnonnage ineffable avec le Pole Khalifa El Hadji Mouhamad Niass, son fils El Hadji Abdoulaye Khalifa et toute la famille Niassene. Notre personnage aujourd’hui connu de tous les Sénégalais sous le nom d’al Mourchid Ahmad Iyane Thiam est né un Lundi 4 avril 1938 à Taïba dans la région de Matam. Ahmad Iyane a des liens de parenté avec Mame Khalifa Niass qui remonte à leur aïeul commun le célèbre érudit Mame Massamba Thiam, qui fut aussi un pédagogue en sciences islamiques dont on compte parmi ses élèves : Mame Maram Mbacké l’ancêtre de Serigne Touba, ainsi que Makhtar Ndoumbé Diop Koki le fameux auteur du Mouqadimatul Koki, Demba Fall le fondateur du Daara de Pire entre autres. Mame Massamba est le père d’Alfa Mamadou et Makhtar l’ainé, père lui aussi de Maram Makhtar et de Massamba Thiam al saani qui est le grand-père d’Ahmad Iyane. Alfa Mamadou le 1er nommé quant à lui est père d’Aliou, à son tour père de Thierno, père lui aussi de Demba Tabara Thiam qui est le père de Serigne Ibrahima Thiam Kélélle père de la mère de Mame Khalifa Niass : Sokhna Aminata Thiam tout comme celui de Sokhna Khoudia ou Khadijatou Thiam mère D’El Hadji Abdoulaye Niass le fondateur de la Hadra Tidjani de Leona Niassene. Ce grand homme Mame Massamba Thiam est donc leur ancêtre commun tout comme à Cheikh Oumar al Foutiyou Tall.
Ahmed Iyane est dès lors un produit tout fait d’une grande lignée séculairement ancrée dans les valeurs islamiques. Il grandit dans le Fouta entre Matam et Taïba aujourd’hui Taïba Ngueyene, il fit ses études d’abord chez Tafssir Moustapha Thiam, grand Mouqadam et vicaire de Mame Khalifa Niass dans ces contrées puis c’est à Leona Niassene dans la grande université populaire auprès de Mame Khalifa qu’il continuera l’essentiel de son cursus. Il sera auréolé plus tard d’une grande maitrise de l’essentiel des sciences qui étaient dispensées dans ce grand centre de formation aux ressortissants illustres tel Cheikh Ibrahim Niass (baye). Il poursuivra après ses études en Islam et sciences politiques au Maroc et à l’Université Libre de Bruxelles (Ulb) où il fit son doctorat.
Digne ressortissant de l’université de Niassene et considéré comme un des prodiges de Mame Khalifa Niass, Ahmed Iyane impressionne par le fait qu’il ait occupé de grands postes de responsabilités tel celui de directeur de l’Enseignement de l’Arabe, de diplomate, d’islamologue ; mais c’est surtout par la bonté, la constance dans l’amitié, la conciliation que sa parole apporte qui fait qu’il soit aimé et apprécié dans les moindres recoins ou son illustre nom est allé. Aujourd’hui, c’est avec son titre de président de la Commission de concertation sur le croissant lunaire (Conacoc) qu’il est le plus connu des Sénégalais.
Notre personnage a eu à être le témoin oculaire de bon nombre de faits qui se sont passés dans la Hadra durant le temps qu’il y était, il a évoqué à maintes reprises les visites de Baye Niass à son grand frère Mame Khalifa Niass tôt le matin après Fadjr, assis sur la véranda non loin il pouvait entendre ce qu’ils se disaient à une période où beaucoup ignoraient la nature véritable de leur relation. Mais il y’a ce fait marquant de son enfance qu’il nous a révélé lors d’un entretien : « j’ai grandi chez Khalifa El Hadji Mouhamad depuis mes 11 ans, j’étais celui qui l’accompagnait alors qu’il était à un âge avancé à la mosquée tôt pour la prière du Soubh et celle de Isha’a à la nuit tombée, il posait sa main bénite sur mon épaule et je le conduisais ainsi tous les jours. Une nuit alors qu’il était sur le point de se coucher, l’eau qu’il avait l’habitude de boire « ndox mu nééx » venait à manquer, par souci qu’il ne manqua d’eau durant la nuit, je pris un seau et me faufila dans la nuit sombre sans craindre un quelconque danger vers un puits qui se trouvait alors à quelques kilomètres de Leona, j’y arrivai sans encombres, trouvai quelqu’un dont je n’ai vu que la silhouette qui remplit le seau pour moi et me voilà sur le chemin du retour, j’arrivai juste au moment où sa porte allait être fermée, je le trouvai chez son épouse Sohna Awa Cheikh Ndiogou, je frappai et l’entendit dire, ça doit être Thierno Thiam, ouvrez, ainsi j’entrai, ne te décharge pas encore m’ordonna-t-il pour que je puisse boire au-dessus de ta tête, je m’exécutai ; après avoir bu et m’avoir fait boire du reste de son eau, Mame Khalifa Niass pria pour moi en ces termes : « j’invoque Allah (swt) pour que telle cette eau douce et délectable, que ta voix soit fait pareille au-dessus de tous tes contemporains, qu’Allah te gratifie de l’éloquence » ; et aujourd’hui lorsque les gens se délectent de ma voix et que ma parole est accueillie avec douceur dans les oreilles et les cœurs, je repense à la prière exaucée de Khalifa El Hadji Mouhamad Niass à mon encontre et rends grâce à Allah swt de m’avoir permis de vivre aux côtés d’un de ces plus grand élus ».
Il renchérit : Mame Khalifa Niass m’aimait tellement et me regardait avec cet amour particulier comme de la même manière qu’il affectionnait ses propres enfants. Aujourd’hui, Je suis connu comme étant quelqu’un avec d’excellents rapports avec toutes les familles religieuses du Sénégal, j’ai eu à être l’homme de confiance de Thierno Mountaga Ahmadou Mountaga Cheikh Omar, Mourchid Ahmed Iyane Syentres autres, mais dans mon cœur celui qui occupe la plus grande part à nulle autre comparable demeure Khalifa El Hadji Mouhamad Niass. Il renchérit :
« Su ma toogé tay ba aduna yëpp dima xam, dima bëgg, aduna yëpp japp ni dama bàax, gëmm nani Yalla mi ngi jaralé ndam lolu si mom ».
À maintes reprises Ahmed Iyane a évoqué bon nombre de ses souvenirs qui constituent une source authentique de l’histoire de Leona Niassene ; il a même évoqué les fois qu’il a servi d’intermédiaire entre Mame Khalifa Niass et ses disciples parmi les Djinns.
Ahmed Iyane Thiam est la dernière personne à avoir reçu une ijaza de la Tariqa Tidjani des mains de Mame Khalifa Niass et est considérée dans la communauté Niassene comme un des fils spirituels de notre maitre. Il a gouté au secret de cette noble voie servi dans la plus belle coupe, que dis-je carafe, que servais ce maitre confirmé à tous ceux qui l’ont côtoyé ou ont bénéficié de son éducation spirituelle de sorte que de la personnalité de Mourchid Iyane se dégage l’Amour même d’Allah et la compassion envers toute sa création telle qu’enseignée par le Pole notre Maitre.
La 9e édition de la journée culturelle dédiée à Mame Khalifa Niass qui sera célébrée ce Dimanche 29 Mai est le prétexte choisi par les petits-fils de ce grand homme pour rendre un vibrant hommage à Mourchid Ahmed Iyane Thiam pour sa constance, son amitié de longue date avec la famille, pour service rendu à la Hadra mais surtout parce qu’il représente un modèle à imiter pour la jeunesse musulmane de notre pays. Cette désignation en tant que parrain de l’évènement aux côtés d’El Hadji Abdoulaye Khalifa Niass, 1er khalife générale des Niassene, l’homme qui l’a accueilli dès le premier jour dans la famille ne saurait être fortuite, elle a rassemblé deux hommes unis par le même attachement et qui ont partagé tant de choses que nos langues et nos esprits seraient incapables d’imaginer ou même de décrire. Cette grande journée est l’occasion de perpétuer cette relation. Alors nous lançons une invite à tous, condisciples et coreligionnaires, à venir commémorer avec nous ces 3 grands hommes de l’histoire de notre pays que sont le Pole Mame Khalifa Niass, El Hadji Abdoulaye Khalifa Niass le consolidateur de la Hadra et Ahmed Iyane Thiam la dernière perle. Rendez-vous au CICES.
Al Faqir Filah, Khadimu Khalifa Haj Muhamad Niass
Idrissa DIOUM
Cercle d’études autour de la vie et L’œuvre de
Khalifa Mouhamad Niass (CEVOK)