Ziarra Leona Niassene, Historique, Sens et Portée

Ziarra Leona Niassene, Historique, Sens et Portée

Etymologiquement le mot Ziarra signifie en arabe « visite ». Néanmoins chez les soufis, la Ziarra est perçue comme étant une visite pieuse, un moment de recueillement et de prières, mais surtout de renouvellement du pacte de confiance et d’allégeance envers le guide spirituel.
Dans la Tariqa Tidjani, la Ziarra revêt une dimension beaucoup plus haute puisqu’elle recèle des bienfaits innombrables pour l’aspirant, l’on parle alors de « ziyāra » « ziyāda » ou visite d’augmentation et d’élévation.  

Les Niassène ont commencé la célébration de sa Ziarra annuelle en 1910 comme un grand événement religieux, le plus grand après le Mawlid. À l’occasion du retour de Fès du maitre fondateur la Hadra Cheikh El Hadji Abdoulaye Niass al Kabir, les talibés se sont rués à sont nouveau domicile à Kaolack pour lui rendre visite, renouveler leurs affiliations pour certains et pour d’autres bénéficier des innombrables « lumières » qu’il avait obtenu de son séjour chez le fondateur de la Tariqa. Cette pratique a depuis été perpétué annuellement pour devenir la Ziarra que nous connaissons aujourd’hui.

Plus tard, après le rappel à Allah d’El hadji Abdoulaye Niass en 1922, la Ziarra sera perpétué auprès de son héritier le Khalife El Hadji Mouhamad Niass « Maam Khalifa Niass ». Vers la fin des années 1940, sous l’ordre de l’éclairé Mame Shafihou Ibn El Hadji Abdoulaye Niass par ailleurs frère de Mame Khalifa que la Ziarra va être mieux organisé et son envergure étendue et renforcé pour être l’évènement qui draine le plus de monde dans le calendrier de la Hadra Niassène.

Les délégations de Muqaddam venaient, par groupes accompagnées de leurs disciples, d’un peu partout à travers le Sénégal (Fouta Toro, Saloum, Baol, Cayor, Casamance) et des Pays de la sous-région jusqu’à la lointaine Tombouctou. Un Mouqadam du Cheikh nommé Ousmane Ndao se chargeait d'écrire la liste, lorsque Mame Khalifa Niass arrivait pour le début de la Ziarra, son fils El Hadji Babacar Niass faisait le rappel des Muqadam, en commençant toujours par toujours par Tafsir Ousmane Ndiaye et Tafsir Abdoulaye Ndiaye de Kouthieye, de Tafsir Moustapha Thiam à El Hadji Omar Thiam jusqu’à la vertueuse dame Adja Boury Ndao de Kaffrine, personne n'était absent.

La Cérémonie était célébrée en trois jours : durant le premier jour, Mame Khalifa Niass rappelait aux disciples les bases du Tawhid, Le deuxième jour était consacré à enseigner ce qu’est la Ziarra du Prophète à Seydi Ahmad Tidjani à El Hadji Abdoulaye. Le dernier Jour du Dimanche, Mame Khalifa délocalisait la causerie au sein de la cour de sa maison en présence de tous de 8h à 11h des fois jusqu'à 1h pour prodiguer des conseils aux cheminant dans la voie et à tous les musulmans d’une manière générale avant de libérer tout le monde.

La Ziarra de Leona Niassene est avant tout un moment de rassemblement, de communion, de solidarité et d’entre aide, un moment qui perpétue la relation entre le maître et le disciple et entre les disciples qui est une relation de respect et d’amour en Allah. Car pour rappel, le compagnonnage est un pilier important pour tous les musulmans qui cherchent à améliorer leur religion, leur caractère et leur comportement. Car, le compagnonnage apporte d’innombrables bienfaits et c’est pour cela que de tous temps, le compagnonnage a été et est resté le pilier principal pour toute personne sincère qui cherche à cheminer sur la voie d’Allah. La Ziarra augmente l’amour du disciple envers son Cheikh et par conséquent lui balise la voie pour une meilleur progression. Minimiser une telle occasion est synonyme de régression dans le cheminement. Mame Khalifa Niass considérait la venue et la participation à la Ziarra comme obligatoire aussi il exhortait les disciples a tout délaisser et à venir accompagné de leur famille car disait-il « c’est une grâce que rien ne peut remplacer ».  

La Ziarra est surtout un moment de sensibilisation sociale où la hiérarchie des maitres spirituels de la Hadra Niassene appellent à la promotion de l’âme, à l’amincissement des choses d’ici-bas en rappelant les bases du Tawhid islamique mais aussi en revisitant la vie et l’œuvre du fondateur de la voie Tidjani Cheikh Ahmad Tidjani et celui de son serviteur privilégié, Mame Khalifa Niass. Les maitres n’omettront pas d’appeler à des valeurs et vertus comme la patience, la dignité, l’exhortation au travail afin de se donner une force spirituelle essentielle pour viser et atteindre les objectifs suprêmes de la vie.


Al Faqir Filah, Khadimou Khalifa
Idrissa Dioum
Nayloul Maram

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