Mame Khalifa Niass, l'Arche du Salut

Mame Khalifa Niass

Témoignage sur l'auteur Par  Shaykh Mohamed AL Mokhtar Cherif, Alaouite at-Tidjani plus connu sous le nom de Mohamed Louda en prélude au livre Juyush at Tulla (Répliques à Ibn Mayaba) 

Au nom d'Allah, le Tout Clément, le Très Miséricordieux.

ô Seigneur, accorde bénédiction et un surplus d'honneur à notre maître Seydina Mouhamed (s), le détenteur de la clef du mystère hermétique et symbole du sceau de toutes les missions prophétiques qui l'ont précédé, le défenseur de la vérité absolue par une vérité claire et évidente, le guide qui mène vers la voie du Salut. Que les mêmes bénédictions soient sur Sa Famille à la mesure de sa valeur réelle car ses dispositions et potentialités sont énormes auprès d'Allah.

Gloire à Allah dont l'évocation illumine le coeur des gnostiques et alimente de Son flux leur matière grise. C'est ce bouillonnement spirituel qui mène vers la certitude en les éloignant de toute forme d'illusion. Dès lors, leur option pour l'érudition devient clairement spécifiée. Dans ce sillage, une de leurs préoccupations majeures serait d'assister les aspirants, les délivrer des affres de la nudité morale, pour ensuite les propulser au faîte de la fierté intellectuelle. L'objet d'étude de prédilection des soufis demeure l'âme qui, par des exercices spirituels, se purifie en se bonifiant davantage. Sur ce, la soumission à Allah passe pour être la seule constante de leurs vies.Et ils ne se contentent plus du minimum en matière d'adoration,

Paix et salut sur la fine fleur de la Création sur les plans physique et moral, le Prophète Mouhamed (Psl). Que cette même paix et ce même salut soient sur les siens, sur la totalité de ses compagnons et sur tous ceux qui adopteront le même style de vie jusqu'à la fin des temps.

Ces propos liminaires amènent le lecteur à se familiariser un peu avec ces écrits d'un des plus éminents intellectuels du Sénégal, un des poètes les plus éloquents, un des éducateurs les plus futés. Il s'agit du Khalife El Hadji Mouhamed Niass, l'Africain, le Sénégalais, le Kaolackois originaire du Djolof (nord du Sénégal).

L'auteur est né presque avec le quatorzième siècle de l'Hégire. Il grandit dans la plus grande discrétion religieuse sous la coupole paternelle. C’est  dans ce cénacle familial qu'il a fait toutes ses humanités sanctionnées par la maîtrise parfaite des branches du savoir enseignées à son époque

C'est bien encore le giron paternel qui lui servira de support pour entrer de plain-pied dans la cour des hommes de savoir les plus accomplis. Ainsi, en 1910 correspondant à l'an 1328 H, il se décida d'accomplir le pèlerinage à la Mecque. Son père l'accompagna jusqu'à Fès au Maroc, , et il resta dans la Zawiya de Cheikh Ahmad Tidiane alors que Khalifa Niass continua le périple vers les Lieux-Saints. De retour, il passa par la capitale intellectuelle chérifienne et revint avec lui au Sénégal.

Par la suite, El Hadj Khalifa Niass retournera à Fès (Maroc) en 1924 correspondant à l'an 1342 H, après le décès de son père pour se ressourcer. Lors de ce voyage, il reçut de chacun des deux petits-fils du Fondateur de la Tidiania (Sidi Mahmud et de son frère Sidi Mouhamed Al Kabir) une consécration supérieure de la Voie (Ijaza Itaq) qui autorise à son détenteur de nommer un nombre illimité de délégataires pouvant transmettre, eux aussi, le Wird Tidiane. Quant au premier qu'il a rencontré à Casablanca, au Maroc, il s'agit de son éminence Sidi Mahmud fils de Mouhamed Al Bashir fils de Mouhamed Al Habib, fils du Fondateur de la Tariqa Cheikh Ahmad Tidiane (Qu'Allah soit satisfait de lui). La consécration supérieure transmise par le second confirmant la première distinction

El Hadj Khalifa Niass a conçu un recueil de poèmes (Diwan) consacré à l'apologie du Fondateur, dans lequel il s'illustre dans moult domaines du savoir tels : la linguistique (Al Lughat), la grammaire (An Nahw), la morphologie (At Tasrif), l'orthophonie (Tajwid), la calligraphie (Ar Rasm), l'exégèse (Tafsir), les circonstances des versets révélés (asbabu Nuzul), l'abrogeant et l'abrogé dans le Coran et la Sunnah (An Nasikh wal Mansoukh), la science du hadith: terminologie, corpus et chaînes de garant ('ilm al hadith: mustalah, matûn wa asânîd), la jurisprudence ses principes fondamentaux (Al Fiqh wa usûluh), la logique, formes et méthodes (Al Mantiq wa qada uh wa ashkâluh), la rhétorique et la sémantique (Al Bayân, Al Badi', AI Ma'âni), La médecine, l'organisme et les dispositions naturelles (At Tib wal Akhlât wa At Taba i'), la géomětrie et l'arithmétique numérique et celle temporelle (Al Masaha Hisslibayn El 'Haddadi waz Zamani), la sagesse et les dix énoncés du discours (Al Hikma wal Makulât al 'ashr), l'ingénierie (Al Handasa), la métrique et la prosodie ('Ilm Al 'Arûd ), la chimie et l'alchimie (As Simiyyâ wal Kimiyya), la théologie scolastique ('Ilm Al Kalâm), le soufisme ('Ilm At Tassawuf), la purification de l'âme par des exercices ascétiques (Tasfyat An Nafs bil Mujahada) et le sport ('Ilm Ar Ryadât).

 

Par la grâce d'Allah, j'ai eu l'honneur d'expliciter tout cela dans l'interprétation que j'ai eu à faire de son grand recueil de poèmes portant sur l'apologie du Pôle des élus, Cheikh Ahmad Tidjani. Cependant, l'étendue du travail m'incite à restreindre la relecture de références autres que celle de mon vécu quotidien. Peut-être que j'arrive même à heurter certaines sensibilités ou à remettre en cause des vérités préétablies. Que le lecteur évite de s'adonner à la critique d'un domaine précis sans en avoir une connaissance établie. Quant à moi, face à l'immensité et la profondeur de  l'auteur, je ne saurais me prononcer avec passion sur un livre dont je maîtrise à peine toutes les subtilités. Seul un partisan du moindre effort pourrait s'adonner à une telle pratique. Quant aux déficients, compte tenu de leurs insuffisances et de leur compréhension défectueuse, ils s'engagent aveuglément dans la critique. Comme l'a soutenu un poète :

Alors que dépourvu de sa protection, c'est la porte à tous les excès.

Délaisserais-tu Ibn Rushd à l'instar des alliés unis, jadis, par un pacte ?

Nombreux sont ceux qui nient des propos clairement exprimés.

Or, la bonne compréhension constitue un handicap

 

Parmi les cas les plus étranges figure celui de l'auteur valeureux de cet ouvrage, El Hadji Mouhamed Khalifa Niass, doté d'une perspicacité à nulle autre pareille. Il semble que ses humanités coraniques étaient marquées par une pause faite et par un questionnement d'anticipation.

Un exemple similaire mériterait d'être souligné, l’auteur nous a informés qu'il ne savait pas quand est-ce qu'il a maîtrisé l'Arabe? il s'en est imprégné aussi longtemps qu'il s'en souvienne. Son humilité l'entraînait toujours à s'asseoir à même le sol et ne portait pas le turban,  contrairement à la règle en vigueur chez beaucoup de marabouts du pays.

Son père lui répétait souvent : "Tu as bien rattrapé ce qui m'a échappé en matière d'écriture sur la vie et l'oeuvre du Prophète (s)."

 

j'ajouterais à cette introduction les propos de mon cousin qui introduisait l'auteur dans un autre ouvrage, je veux nommer Ahmad Ibn Mouhamed Mukhtar Ibn Mohamed Al Hanafi, plus connu sous le patronyme d'Ahmad Ibn Dâhâ qui a étale la généalogie de l'auteur dans cet ouvrage Il a aussi démontré qu'il a des racines arabes et qu'il appartient à une famille royale. Et, à ce propos, celui qui voudrait en savoir davantage peut se rapprocher de sources d'informations comme celles de mon cousin précité.

Le Khalife susmentionné a grandi avec, dans son coeur, l'amour du Prophète Mouhamed (Psl). Dės sa prime jeunesse, des propos tels que «Ta mère n'est pas Amina, le choquant. Il riposter en ces termes: Nul ne saurait être ma mère qu'une Amina, faisant ainsi allusion à la synonymie complète entre lui et le Prophète (Psi). Il s'appelle Muhammad, son père est Abdallah et sa mère Amina!

Mon cousin, se fondant sur des sources aussi solides que fidèles, rapporte que le père de l'auteur lui fit part d'une vision alors qu'il n'avait que sept ans. Elle se résume ainsi : «J'ai vu le Prophète (Psl) et lui ai dit : "Mon fils ici présent est ton homonyme". Il m'a répondu : "Donne le moi." Et je le lui ai donné. Il l'a pris et serré dans ses bras pendant un moment avant de le remettre à sa mère. Peut-être que l'amour prophétique lui est venu de la bénédiction de cette étreinte.

 

A partir de cette étreinte et de ce geste provenant de l'Elu de la Création, son père ne cessait d'augurer des présomptions de détenteur du legs pour ce fils honoré et béni en vision. Ces prédictions se trouvent renforcées par d'autres révélations visibles et une perspicacité constatée.

Quant à ce legs et la succession de son père, ils étaient aussi clairs que rayons du soleil. Comme l'indique un poète :

Vérité ne saurait être aussi plausible aux esprits bien éveillés que des preuves dont l'évidence serait comparable à la clarté du disque solaire

 

Une évidence qui est un véritable secret de polichinelle. Son père ne cessait de la déclamer en tout temps et en tout lieu, de sorte que seul un ennemi déclaré ou un envieux, placé sous le sceau de l'ignorance, pourrait tenter de lui usurper ces dispositions. Son père, de son vivant, faisait appel à lui pour la transmission du Wird à qui voulait être initié à la Tariga Tidiane. C'est la raison pour laquelle, lors de la disparition de son père, les milliers de disciples venant des quatre coins de la planète pour lui présenter leurs condoléances disaient : «On n'a perdu que la personnalité physique d'El Hadji Abdoulaye Niass, le Fondateur: Maintenant, il est clair que le legs spirituel a été transmis à Khalifa Mouhamed Niass»,

Dès lors, un rush de disciples fut constaté chez lui. Tout un monde, les uns attirés par la dimension spirituelle tandis que les autres semblaient se préoccuper de dons et faveurs du moment.

Le premier groupe était essentiellement composé d'aspirants ayant perçu en lui un dépositaire de l'héritage spirituel tidiane. Ainsi, ils ont signé avec Khalifa Niass un pacte d'allégeance. Ils ont obtenu par ce geste la grâce divine. Le deuxième semblait se préoccuper des bienfaits qui saute à l'oeil nu. Nombreux étaient ceux qui étaient venus, les mains vides, et qui sont repartis, la besace pleine

Selon les écrits de mon cousin, il était de notoriété publique qu'il enseignait toutes les branches du savoir telles la jurisprudence (Fiqh), la grammaire (Nahw), l'exégèse coranique (Tafsir). Mais le domaine de la biographie du Prophète (Psl) demeurait pour lui un champ de prédilection

Ainsi, il composa, sous ce rapport, des chefs d'oeuvre dont:

- Voies paradisiaques menant vers le Meilleur de la tribu Adnan (Tariqul Jinan fi madh Sayyid Bani 'Adnân)

-Réalisation des voeux sur l'éloge du meilleur des êtres (Nayl Al Marâm fi Madh Khayr Al Anam)

- Dons divins sur les expéditions prophétiques (Al Mawahib ilahiyya fi Al Ghazawat An Nabawiyya).

 Sur la thématique : recommandations d'Ahmad Tidjani sommes redevables des compositions suivantes :

- Conseils aux frères sur la fausseté des calomnies à l'endroit de la Wilayya (Nasihat Al Ikhwan 'an Da'wal Wilâya Bil Buhtân

- Clef du succès et accession à la Hadrat de Shaykhina file spirituel du Prophète (Psl) (Miftâhul Fath wal Wusul ila Hadrat Shaykh Ina Ibn Ar Rassul).

- Miroir de la pureté dans la biographie de l'Élu (Mir åtu As Safă fi Sirat An Nabi AL Mustafâ).

- Réponses aux questions sur l'Eloge de l'Envoyé (Bulugh fi Madh Ar Rassoul). Poèmes terminés en «Lam» composés en mètre Bassit.

- Viatique de l'Au-delà sur l'Éloge du Meilleur des êtres (Zakhira Al Ma'ad fi Madh Khayr Al Ibâd).

- Flux divin sur les invocations des noms du Prophète descendant d'Adnan (Ps) (Fayd Ar Rabbâni fi At Tawassul bi Asma I An Nabi Al 'Adnânî). Etc.

 

Et le lecteur qui jetterait un coup d'oeil sur ces recueils de poèmes (Diwans) portant sur l'éloge du Prophète (PS) se rendra compte que chacune de ses compositions poétiques se trouve être impulsée par l'amour de l'Elu. Un parfum de race arabe semble ressurgir de sa production littéraire. C'est la raison pour laquelle un auteur contemporain s'est adressé à sa famille en ces termes : «Les dispositions innées des intellectuels, issus de la Famille Niass font penser à leur souche arabe».

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