Itinéraire d’un Monument du Savoir: Cheikhou Omar Niass

El Hadji Abdoulaye Niass

Cheikhou Omar Niass naquit vers 1889. Lui-même avait l’habitude de déclarer « je suis le cadet de 10 ans de Khalifa (Khalifa Mouhamad Niass) et l’ainé de 10ans de Ibra (Cheikh Ibrahima Niass). »

L’origine de son Nom

Quelques jours avant son départ pour les lieux saints de l’islam, El hadji Abdoulaye Niass vit dans un rêve, Cheikhou Omar al FoutiyouTall le grand Khalife de Seydi Ahmad Tidjani, dans le rêve Cheikh Omar lui aurait dit : « tu auras un fils célèbre et très cultivé, obligation t’es faite de veiller sur lui et de cacher les miracles qu’il vous fera voir ». 
Lorsque les préparatifs pour son pèlerinage à la Mecque furent bouclés et que le départ fut imminent, El Hadji Abdoulaye confia à Serigne Ahmad Boucar Niang sa famille et ses talibés. Il lui demanda de veiller particulièrement sur son épouse Sokhna Seynabou Diaw qui était en état de grossesse avancée et dès qu’elle accouchera qu’Ahmad Boucar baptise le nouveau-né du nom de Cheikhou Omar. Serigne Ahmad Boucar lui demanda : « et si elle accouche d’une fille ? », « donnez-lui le nom de Cheikhou Omar. » C’est donc Ahmad Boucar qui baptisa notre personnage. 
Son lieu de naissance se situe à Daga Malick (Gambie). Cheikhou Omar débuta ses études en Gambie sous la férule de son père. Il était d’une intelligence qui suscitait l’admiration de ses condisciples. Maam Aladji attentif à l’éducation de ses enfants et conscient de sa vivacité d’esprit, son amour pour les études et sa volonté permanente d’acquérir de nouvelles connaissances, écourta ses études coraniques pour l’orienter vers les sciences islamiques. Cheikh Omar aimait se retirer dans la brousse afin de consacrer d’avantage de temps à ses leçons ; le droit islamique, la grammaire, la linguistique n’avait plus de secrets pour lui si bien qu’il fut plus tard surnommé Cheikhou Khalil en référence au célèbre livre de Fiqh. Vers l’âge de 17ans, il maitrisait déjà l’essentiel des sciences qui à l’époque pouvaient permettre à un homme de commencer à enseigner.
A son retour de Fès, El Hadji Abdoulaye s’installa à Kaolack en 1911 d’abord au quartier des affaires puis il s’en éloigna pour fonder Leona-Niassène
Cheikhou Omar débuta sa fonction d’enseignant au village de Kossy et assuma cette fonction à merveille. Dans ce village, son épouse Fatou Rokhy, plaçait sous son aile protectrice des disciples dont la plupart sont devenus de grand Mouqadams : Cheikh Omar TouréEl Hadji Karaw Niass. Homme de cœur, sa démarche pédagogique, sa disponibilité, sa générosité et son sens élevé des responsabilités constituaient des facteurs qui attiraient ceux qui suivaient ses enseignements. Il disait souvent : « je suis capable de transmettre le savoir à tout homme jouissant de ses facultés mentales. » 
Ecrivain prolifique, Maam Cheikhou Omar est aussi autour de nombreux Qassida (poèmes) qui viennent récemment d’être collecté et publié par ses petit-fils.

L’étape de Taiba Mbitéyéne (1923-1929)

Un an après la disparition d’El Hadji Abdoulaye Niass, en 1923, Cheikh Omar émigra au Village de TaibaMbitéyéne (40km au sud-ouest de Kaolack) dans l’unique but d’enseigner, d’éduquer et de mener des activités agricoles afin de vivre à la sueur de son front. Il eut à y exercer aussi en tant que guérisseur grâce à ses connaissances en pharmacopée. Au cours de son séjour dans ce village, un incendie ravagea toute sa concession, cases, greniers, bibliothèque, les habitants lui témoignèrent leur compassion et leur solidarité. Cheikhou Omar les remercia de cet élan de sympathie et déclara : « je remercie Dieu, Dieu est avec moi ! Je peux, sans le voir, recopier tout livre que j’ai étudié ».

L’étape de Ndiawara al-Kaly (1929-1944)

En 1929, Cheikhou Omar émigra au village de Ndiawara al-Kaly (30km à l’ouest de Nioro du Rip). Dans cette nouvelle terre d’accueil, il explosa, sortit de sa coquille et confirma tout le bien qu’on pouvait attendre d’un guide religieux. Outre les enseignements classiques du Coran et des Sciences Islamiques, il inaugura l’ère de l’exégèse du Coran et de la célébration du Maouloud. Il contribua à la formation de chefs religieux tels que : Ibrahima Khoredia Ka, fondateur du village de Miname (département de MalemHoddar), Mamadou Lamine Loum du village de Ndiayéne Bagana, El Hadji Babou Nia du village de Niaguéne. Le Chef de Canton de Nioro du Rip lui proposa même un poste de traducteur wolof/arabe qu’il déclina gentiment par souci de rester dans la voie tracée par son père. Notre personnage eut l’honneur de recevoir la visite de ses frères d’abord Khalifa Mouhamad Niass puis Cheikh Ibrahima Niass accompagné de Mame Shafihou Niass et ceci illustre les relations cordiales qui existaient entre eux. 
Cheikhou Omar y avait aussi beaucoup de champs, lesquels il confia à ses disciples : Ibra Diop et Sette Diop lorsqu’il décida de retourner à Leona-Niassène. Toujours très humble, il resta à Leona-Niassène près de son Frère Khalifa Mouhamad Niass pour qui il jouait le rôle de conseiller et chargé de Mission. Après une vie pleine de grâce, Cheikhou Omar ibn El Hadji Abdoulaye Niass s’éteignit le 5 Mai 1966 à Kaolack et est inhumé dans la Zawiya de Niassène.

Mbaye Khaaye THIAM

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