El Hadji Abdoulaye Khalifa Niass et l'histoire de la Première Grande Mosquée de Leona Niassene

La première grande mosquée de Leona Niassene a pu voir le jour grâce à la vision et au génie d'un homme en particulier. Il fut le précurseur de l'actuelle marche de la Hadra de Leona Niassene, il s'agit du Pôle Cheikh El Hadji Abdoulaye Khalifa Niass. De son grand-père Mame Aladji Abdoulaye al Kabir, il hérita du courage, de l'abnégation, de la vision et de son père Mame Khalifa Niass (ra), il tient sa très large érudition et Sa Sainteté reconnue de tous. 
El Hadji Mou Ndaw est né en 1908 à Keur Massamba en territoire Gambienne lors de l'exil de Cheikh El Hadji Abdoulaye Niass al Kabir en ces lieux, ce dernier le baptisera et lui donnera son nom, il fut parmi ses premiers petits enfants. Comme il était d'usage dans la famille Niassene, c'est Mame Aladji qui l'initia en premier aux études coraniques avant que son père Mame Khalifa Niass le donna à Cheikh Hady ibn El Hadji Abdoulaye avec qui il continuera son apprentissage du livre saint, puis c'est auprès du Maure Mouhamad Yahya qu'il va parfaire la récitation du Coran. Concernant les sciences islamiques, Mame Khalifa lui enseignera l'essentiel des ouvrages constituant le savoir conventionnel en Sénégambie jusqu'au fameux Alfiyyah d'Ibn Malik. 

_{Du père fondateur, Mame Elhadj Abdoulaye NIASS, tu tira ta légitimité
Du père géniteur Mame Khalifa NIASS, tu t’emplis de lumière et de grâce
De Féz, tu tins ton sabre défenseur des bastions de la tijania
Tu te déportas sur les cimes des excellences et de l’intélégencia}
 

Ce n'est plus tard qu'El Hadji Abdoulaye Khalifa parti à Saint-Louis du Sénégal (Ndar) pour se rendre chez son ami du nom de Moustaph Sow Beidy, avec qui il séjournera avant que ce dernier ne s'engage finalement dans l'armée. El Hadji Abdoulaye y rencontrera Mamadou Dia premier président du conseil, l'ancien président Abdou Diouf, aussi Thierno Iyane Sy par ailleurs grand ami de son père, il partagera le même domicile avec Serigne Abass Sall et Serigne Abdou Aziz Sy Malick à la rue de Paris. Du fait du grand essor des études islamiques au temps à Saint-Louis ville carrefour et véritable melting-pot, il entreprit d'approfondir ses études avant de rentrer à Kaolack, Leona Niassene. Désormais aux côtés de son père, il se consacra à l'agriculture notamment avec ses champs du village de Taifa sur la route de Keur Madiabel; à l'heure des traites il se mettait au commerce de l'arachide et partageait le même syndicat avec Serigne Cheikh Mbacké Gaindé Fatma qui était un ami à lui. El Hadji Abdoulaye était aimé et apprécié de ses pères ainsi que de toute personne qui le côtoyait ainsi Cheikh Ahmad Tidjani Sy l'adulait beaucoup et le frère de son père Cheikh Ibrahima Niass (baye) le tenait en haute estime et exhortait ses enfants à prendre exemple sur lui. 

La zawiya de Leona Niassene était le principal lieu de culte de la hadra depuis 1911 l'année de sa construction. Après le décès de Mame Khalifa Niass en 1959, la sauvegarde de la zawiya revenait aux fils d'El Hadji Abdoulaye qui était toujours en vie. Les choses avaient changé en ce sens où la hadra était scindée depuis 1930 en deux axes, Médina et Leona, et la gestion de la zawiya avait été au coeur de vives tensions qui ont finalement fini par s'apaiser au cours du temps.  
Serigne Daara Mouhamad Aminata Thiam, un mouqadam de Mame Khalifa Niass,  aurait un jour fait part dans une lettre adressée à El Hadji Abdoulaye Khalifa, d'une vision ou d'un rêve qu'il aurait eu de l'assemblée des Awliya ad Diwan, elle se tenait dans la maison d'El Hadji Mu Ndaw. Dans le songe, Mame Khalifa appela El Hadji Abdoulaye Khalifa pour lui céder sa place en présence de tous les Saints de cette grande assemblée. Serigne Mouhamed Aminata précise à la fin de la lettre que la  maison d'El Hadji Mou Ndaw deviendra soit une mosquée soit un lieu de rassemblement de personnes, mais ne restera pas entre ses mains. notre personnage prit connaissance de la missive tout en prenant soin de la conserver. 

Dans la même période, la construction d'une grande mosquée pour les 5 prières quotidiennes mais aussi en tant que symbole du legs de Mame Khalifa Niass urgeait. C'est dans ce contexte qu'El Hadji Abdoulaye Khalifa Niass alors à la tête de la communauté des Niassene voyagea en 1964. Ce périple le menera au Congo auprès des grands disciples de son père, les natifs du Fouta tel que Alfa Thiam et Omar Bagné entre autres alors parmis les Diamantaires dans ce pays. Après s'être enquérit de la situation, les disciples decidèrent de faire une importante levée de fonds devant servir plus tard, avec la participation de contributions financières de beaucoup de disciples et mouqadam du Sénégal et de la Gambie, à la construction du futur édifice. 

De retour à Kaolack, il rassembla ses proches, frères et disciples pour leur faire part du projet, c'est à l'issue de cette reunion pour trouver l'emplacement idéal pour la mosquée qu'El hadji Mou Ndaw pris alors une décision historique qui restera à jamais dans la mémoire collective : se "sacrifier" pour Allah (swt) en donnant la maison dans laquelle il habitait pour qu'à la place la futur grande mosquée de Leona Niassene y soit érigée. 
Il decida de sortir trouver une autre maison pour sa famille. Tâche qu'il confiat à un dénommé Ousseynou Sow qui lui trouva une maison derrière le Centre Immaculée Conception. Cette maison, jadis la demeure du Commandant Maubert sera vendue par sa fille Jeanne  née de son idylle avec une peul du nom de Fa Wouré Diallo. Toujours au courant de l'année 1964, El Hadji Abdoulaye khalifa fit déménager toute sa famille dans leur nouvelle maison pour détruire l'ancienne à l'exception de sa chambre qu'il laissa à la même place...

Muni d'une autorisation de construire datée du 25 décembre 1964, Les traveaux de la grande mosquée pouvait débuter. Au moment des fondations et de la pose de la première pierre, nombreux sont les personnalités religieuses qui s'étaient déplacés. Un problème s'était posée à savoir : les Oulémas mentionnent que  la distance minimale entre deux mosquées où la prière du Vendredi Al Jummah est célébrée doit être de 3 kilometres or la grande mosquée près de l'hopital n'est pas loin de celle qui doit être construite. Ce à quoi El Hadji Abdoulaye Khalifa répondra en étalant tout ses talents d'expert en Jurisprudence Islamique: ayant pris le soin de rappeler dans l'histoire beaucoup d'autres Jummah non éloigné par cette distance, il rencherit que la charte la plus importante était que toutes les deux soit pleines, si elles le sont donc elle peuvent ne pas être  distante de 3km comme stipulé dans la loi. Ce qui provoqua l'admiration de toute la gente religieuse présente à l'évènement.  Tous furent ébahi par la haute dimension intéllectuelle de l'héritier de Mame Khalifa Niass.

_{Tout sauve, tu renaquis et redressas les masses endormies
Du souffle glacial des tans de Ndangane, tu revigoras ces âmes lasses
Et des symphonies gutturales de Kouthièye, la sainte, les foules se massifient
Et se bousculent à ta porte toutes les races de tous les rangs de toutes les classes}
 

La toute nouvelle grande mosquée de Leona Niassene, lieu de culte et symbole de l'héritage de Mame Khalifa Niass (ra) sera ouverte en 1969.
El Hadji Abdoulaye Khalifa jouera pleinement son rôle de Khalife et Chef de la Communauté Niassene en préservant, élargissant les legs de ses prédécesseurs que sont Mame Khalifa Niass et El Hadji Abdoulaye Niass al Kabir. il rendra l'âme à l'âge de 83 ans le 11 septembre 1991. Sa chambre laissé intacte à la démolition de sa maison deviendra sa dernière demeure dans l'enceinte de la mosquée. Qu'Allah rétribue pleinement ce revivificateur de l'Islam, Son leg est d'autant plus vivant de nos jours alors que nous célébrons aujourd'hui le renouveau de la Hadra mais un tel avènement n'a pu être possible que grâce à son action plus que salvatrice et préservatrice, il est la preuve qu'être mystique Soufi n'empêche nullement d'être un acteur de la marche de son temps. 

---
_{Tëkkalelaak Goor ni yow aladji Abdulaay
Mënesu ko def day melni Yallak Yaali
Mu Ndaw mi ndawul, Niass Raw nga Gaaya 
Ba nga  jògge nga nu Saang Gën gi Caangaay
Jëjërëf Niass yaadi Goor, Kamal, Rijalulaayi 
Ci sayy Méñeff lañuy Witte, tay leppa ngi raayi}

---

Texte dédiée à notre ami, Sokhna Fatou Niass bint Serigne Ass Khalifa (Nianga) petite fille d'El hadji Abdoulaye Khalifa 

Extrait de Poème en Français : Lamine Ndiaye, "Abdou Salam"

---

_{Al Faqir Filah, Khadimou Khalifa,} 

El Hadji Idrissa Dioum 

Cercle d'Etudes autour de la Vie et l'Oeuvre de Khalifa Mouhamad Niass (CEVOK)